Pour décarboner le bâtiment
Bon patron ? On fait quoi pour décarboner le bâtiment ? Il y a du pain sur la planche !
Décarbonation 1000mg
C’est une vraie dose de cheval ! En réalité, ce n’est pas un médicament, c’est l’objectif de l’Etat. Trop d’émissions tue la construction… et encourage la rénovation.
C’est grave, docteur patron ?
17%. C’est le % des émissions de GES (gaz à effets de serre émis par le bâtiment, 4ème plus gros émetteur, juste derrière l’agriculture (19%), l’industrie (19%) et les transports (31%).
Source : Haut Conseil pour le Climat
On va commencer par un régime pour le ciment
Car le ciment représente à lui tout seul 2% des émissions carbone de la France. La SNBC (Stratégie Nationale Bas Carbone), feuille de route pour la France pour lutter contre le changement climatique, a émis comme objectif pour l’industrie française une diminution de 81% des GES en 2050 par rapport à 2015 (date de l’Accord de Paris).
Il peut vraiment maigrir le ciment ?
Oui et il va devoir le faire ! Selon le PTS (Plan de Transition Sectoriel de l’ADEME pour l’industrie cimetière), le scénario de sobriété qui joue sur une baisse radicale de la demande de ciment, est le plus proche de l’objectif de baisse de -81%. Les industriels vont également diminuer le taux de clinker pour produire des bétons bas carbone mais cela va demander de faire évoluer les pratiques sur les chantiers et de la formation des ouvriers sur ces nouveaux matériaux. La commande publique va être incitée à intégrer le béton bas carbone dans ses appels d’offres.
J’en connais un qui va grossir
C’est le prix du ciment. Quelque soit le scénario, le prix du ciment devrait faire environ x2 d’ici 2050. Et si l’on ne faire rien pour baisser les émissions d’ici, le prix du CO2 sur le coût de production sera de x3.
Quoi d’autre ?
Il ya d’autres pistes d’optimisation au niveau des usages du ciment. 2 rapports de l’Agence Internationale de l’Énergie (AIE) et de Material Economics publiés en 2019 et 2018 confirment des pratiques d’optimisation pour réduire l’empreinte matière du ciment avec notamment :
- allonger la durée de vie moyenne des bâtiments
- réduire la quantité de ciment dans le béton (des réductions de 20% à 50 sont envisageables)
- une optimisation structurelle lors de la phase de conception avec une révision des Eurocodes, normes pour le calcul des structures des bâtiments
- un usage de la préfabrication et une réduction du gaspillage des matériaux.
L’ordonnance au bâtiment
Vous la connaissez déjà. C’est la RE2020, entrée en vigueur au 1er janvier 2022. Elle fixe une réduction des impacts sur le changement climatique liés aux matériaux de construction et aux équipements des bâtiments construits de près de 35% en 2031 par rapport aux pratiques actuelles.
Cela profite à qui ?
Au climat ! Et à l’Accord de Paris afin de tenter de ne pas dépasser les +1,5°C. Et à nous aussi, histoire de ne pas faire de Dunkerque le nouveau St Tropez (pour le climat, pas pour les yachts).
Et il en dit quoi le climat ?
Le Haut Conseil pour le Climat, organisme indépendant constitué de scientifiques de renom (Valérie Masson Delmotte du GIEC, Jean-Marc Jancovici du Shift Project) qui est chargé de donner un avis et des recommandations sur les politiques publiques pour réduire les émissions de GES. Et il donne 6 recommandations dont l’accélération de la rénovation, le renforcement des compétences de la filière bâtiment et la mise en couvre de la RE2020 notamment pour respecter l’objectif de ZAN (Zéro Artificialisation Nette).
On ne parle que du climat. Et moi, et moi, et moi !!!!!!
Outres les objectifs climatiques, l’objectif de ZAN est portée par le Plan Biodiversité du gouvernement. En clair, l’Etat travaille avec les collectivités afin de repenser l’aménagement urbain et éviter au maximum de transformer des sols naturels, agricoles ou forestiers en aménagement urbain. Outre la perte de biodiversité et l’augmentation de la pollution, l’artificialisation des sols participe au réchauffement climatique par la privation d’une ère qui absorbait du CO2.
La biodiversité prend ses quartiers
Pour arriver, à cet objectif, le Gouvernement a fixé un objectif intermédiaire à 2031 : réduire de moitié l’artificialisation des sols. C’est à dire, passer de 20 000 ha/30 000ha à 10 000 à 15000ha artificialisés par an. En plus clair, c’est l’équivalent de 13000 à 2000 terrains de foot qui ne seront plus disponibles chaque année pour construire, bâtir….. Les SCOT, et PLU vont être donc revus pour se conformer à la loi Climat et Résilience (si ce n’est pas déjà fait).
Source : CEREMA
Ah ! J’allais oublier
Patron, je n’ai même pas parlé des déchets. Le secteur du BTP, c’est 46 millions de tonnes répartis comme suit : 49% pour la démolition, 28% pour la réhabilitation et 13% pour la construction neuve. Sur ces millions de tonnes de déchets produits annuellement, seuls 48% à 64% sont valorisés. Pour le second oeuvre (avec 10 millions de tonnes par an), il y a un enjeu particulier puisque seulement 35% des déchets sont valorisés.
Il va falloir faire le tri
25 % !!!! 1 déchet dangereux sur 4 provient du bâtiment. Et là, la France et L’Union Européenne jouent de concert sur le volet règlementaire :
- mise en place du protocole de recyclage volontaire des déchets de construction et de démolition par l’UE (s’appuyant sur la directive cadre relative aux déchets de 2008) afin de mieux identifier, trier et traiter les déchets
- une obligation depuis 2020 de valoriser au moins 70% des matières et déchets produits sur les déchets de construction et de démolition dont ils sont maitres d’ouvrage (loi sur la transition énergétique pour la croissance verte du 17 Août 2015-LTECV).
Ou passer à la caisse…
Depuis le 1er mai 2023, la REP bâtiment (ou REP PMCB – responsabilité élargie du producteur des produits et matériaux de construction du bâtiment) est mise en oeuvre. Outre le principe du « pollueur payeur » avec une éco-contribution ajoutée au prix de vente des produits et matériaux, la REP applique la collecte de déchets 7 flux avec un tri à la source et collecte séparée de ces déchets. Pour les "DIB" (Déchets Industriels Banals) ou encore "déchets en mélange". le coût de traitement des déchets non recyclables subira une augmentera d’environ 40% d’ici 2025 dans le but d’inciter les professionnels à améliorer leur pratiques.
Patron, j’ai la solution
Néolithe récupère vos DIB pour en faire des granulats bas carbone à mettre dans votre béton. Holcim vient de lancer un ciment bas carbone de ciment d’argile avec -50% d’émissions vs; le ciment standard (CEM I). Saint Gobain fait de même. Pour trouver des matériaux bas carbone, Vous pouvez vous aider d’une matériauthèque ou aller consulter la base INIES. Et les matériaux biosourcés ne sont pas en reste : des briques en terre crue, un isolant à base de cartons 100% recyclés et recyclables, des briques à partir de déblais revalorisés. Et de nombreux matériaux qui sont labellisés. On peut même acheter des matériaux d’occasion ici ou là par exemple.
Et ça marche ?
Le 1er quartier bas carbone français est sorti de terre en 2023 avec la performance maximale E3C2 et c’est à La Rochelle que cela se passe. 4000m2 de bureaux avec structure bois vont sortir de terre fin 2023 à Grenoble. Et il y a même un chantier qui débute cette année avec la construction d’un immeuble sans chauffage …et sans climatisation.
En somme, Patron, il y a du pain sur la planche pour décarboner le bâtiment mais les solutions ne manquent pas….et les règlementations non plus !
Chiffres clés
63% de la consommation du ciment provient du bâtiment (source ADEME) dont 84% pour la construction neuve
2% des émissions totales en France avec environ 10 Millions de tonnes CO2eq émises chaque année pour l’industrie cimentière.
1,07t CO2eq par an si l’on rapporte les émissions ds bâtiments par habitant en France 🇫🇷. C’est plus que la moyenne Européenne 🇪🇺 (1,03)
17% des émissions de GES en France pour le logement dont 61% pour le bâtiment et 39% pour le tertiaire
+110000 ETP à recruter pour atteindre les objectifs de rénovation thermique dans les 10 prochaines années.
46 millions de tonnes de déchets dont 49% pour la démolition, 28% pour la réhabilitation et 13% pour la construction neuve 10 000 000 de passoires thermiques à rénover dans les 10 prochaines années pour répondre à l’objectif de neutralité carbone.
L’habitat représente 41% des terres artificialisés
Les sources pour aller plus loin :
Pourquoi vous faites cela ?
On n’y comprend rien
Le bâtiment et la construction à l’heure du changement climatique… c’est compliqué. Pour mieux comprendre, nous animons la Fresque de la Construction pour comités de direction, collaborateurs et autres. Car pour agir, il faut comprendre.
Quand le bâtiment va, tout va
Et chez Ecotopie, on accompagne la nécessaire transition du bâtiment vers une trajectoire décarbonée. Et pour cela, on aide les dirigeants à trouver des solutions rentables et durables qui collent aux attentes des marchés publics et bientôt ceux du privé.
Imaginons les bâtiments de demain
Et oui, demain se bâtit dès aujourd’hui. Et nous animons déjà pour plusieurs entreprises un atelier de prospective basé sur les travaux conjoints du CSTB et de l’ADEME. En 3h de travail en intelligence collective, vous n’imaginez pas les pistes d’action dont vous serez capables d’élaborer pour tracer la trajectoire de votre activité. Patron, on prend un café pour en parler ?
Les news d’Ecotopie
Ça, c’est fait
Diane a animé une Fresque de la Construction chez Envirobat avec des participants issus du secteur.
Cyril a reçu sa certification Numérique Responsable attestant de ses connaissances des enjeux, méthodologies et solutions pour mettre en place une stratégie de Numérique Responsable.
Diane a lancé un programme de petits déjeuners RSE avec le concours de salariés volontaires chez un client dans la construction. Les 12 prochains mois vont être riches en projets et en échanges.
Cyril est certifié par l’IF Carbone pour réaliser des Bilan Carbone© et travaille toujours avec une startup qui édite un logiciel métier et réalise des Bilan Carbone© pour de nombreuses sociétés dans divers secteurs d’activités (bâtiment pharmacie, conseil….).
Le meilleur reste avenir
Diane fait partie de l’équipe projet qui prépare le Grand Procès de la RSE. Cela se passe à Toulouse le 15 juin prochain.
Cyril & Diane travaillent sur un projet pour embarquer les directions générales dans une aventure pour faire bouger les lignes de manière éclairée. On vous en dit plus prochainement.